Slowdating, les secrets de la créativité

 

Rédactrice, graphiste, musicien, leur métier c’est d’être créatif. Comment sont-ils tombés dans la marmite de la créativité ? Est-ce que les effets de la potion sont permanents ? PAUSE vous invite à papoter et vous dévoile le secret de ceux qui vivent de leurs bonnes idées. 

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Benjamin, compositeur / sound designer

C’est quoi pour toi la créativité ? Tout le monde est créatif. J’en suis persuadé. Tout le monde a des idées. En revanche, arriver à concrétiser sa créativité, ça c’est plus compliqué. Pour moi le secret, c’est la méthode : il faut parvenir à trouver celle qui permette d’exprimer ses idées le mieux possible. Et c’est essentiel dans les métiers de la création : je me suis créé une vraie routine, avec des horaires et une organisation de mon espace de travail. On met du temps à entrer dans les bonnes conditions pour être créatif, alors il faut fermer tout ce qui nous en sort en 1 clic : téléphone, facebook, insta…

Comment devient-on créatif ? Je ne crois pas à l’idée géniale qui surgit en pleine balade dans les bois. La créativité c’est un mélange de discipline mais aussi de travail, de connaissances techniques, de culture musicale. Sur la base de ce cocktail, je m’inspire des idées créatives des autres, des images et je me laisse rêver et improviser au piano dessus. Je fais tourner des accords, sans être dans la réflexion, de manière très instinctive. Mais souvent être créatif ce n’est pas forcément trouver LA bonne mélodie, c’est plutôt trouver le petit détail qui fera la grande différence, comme ajuster un tempo trop lent ou enlever un élément d’un arrangement.

Ton secret pour booster ta créativité ? M’aérer et surtout prendre du plaisir, quand j’aborde les projets par leur côté amusant, ça marche toujours mieux. 

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Le projet le plus créatif que tu aies mené ? La création de l’EP Aravis avec Arnaud Astruc et Philippe Roche. Je suis très fier de ces 5 titres car, d’habitude, on travaille avec des contraintes, ce qui est plus facile car les choix sont rétrécis. Là on est partis d’une feuille blanche. 



Cliquez ici pour écouter cet EP d’Aravis.


Charlotte, rédactrice

C’est quoi pour toi la créativité ? C’est inventer de nouvelles réponses à une question pour laquelle il existe pourtant des réponses convenues. Dans mon métier, c’est inventer une nouvelle manière de s’exprimer (le ton) et de nouvelles idées (les messages) pour des marques qui pourraient parler comme leurs concurrentes. Et le challenge, c’est souvent de déconstruire des évidences. 

Comment es-tu devenue créative ? Je suis le genre de cuisinière incapable de suivre une recette. Mais pour réussir à faire un métier de sa créativité, il faut des méthodes et de la discipline (hyper fun hein ?). Les méthodes, ce sont souvent des contraintes qui t’obligent à faire les choses autrement. Et si on écrivait comme au XVIIIe siècle ? Et si on écrivait en partant de la fin ? Et si on écrivait avec nos cinq sens ? Ce sont des trucs qui aident à déverrouiller. Et la discipline, à mon sens, c’est tout ce qui nourrit la créativité.

Des conseils pour stimuler/réveiller sa créativité ? Se mettre à plusieurs quand on sèche. Le mot banal de quelqu’un peut générer une idée brillante chez un autre. Et puis surtout dissocier le quantitatif du qualitatif : c’est le jugement différé. L’idée c’est de prévoir un premier temps où on produit en abondance et sans jugement. Dans le lot, il y aura beaucoup de déchet mais ce n’est pas le moment d’y penser. Et le lendemain par exemple, on fait une deuxième séance où on fait le tri, on garde ce qui est bon, on affine… et là il faut brancher son esprit super critique.

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Le projet le plus créatif que tu aies mené ? C’est difficile à dire parce que je suis une mercenaire de la créativité : je fais de la créativité sur commande. Donc le sentiment de réalisation de soi n’est pas toujours au rendez-vous. C’est pour cela que le premier truc qui me vient, c’est l’écriture de notre livre (Devenir un pro des mots – Ed Eyrolles). L’impression de partir d’une page blanche et d’en faire ce qu’on veut. Bon, les contraintes d’édition ont mis un peu d’eau dans notre très beau verre de vin mais cela reste une belle expérience d’invention, sur plusieurs mois. Un vrai projet créatif quoi ! 

Pour retrouver “Devenir un pro des mots”, c’est ici.


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François-Etienne, graphiste

C’est quoi pour toi être créatif ? C’est être capable de produire des choses ex-nihilo. On n’est jamais hors-sol évidemment, mais c’est arriver à produire quelque chose d’original, de personnel. 

Pour toi c’est inné ou acquis la créativité ? C’est un bon mélange des deux je dirais ! On naît avec une sensibilité, peut-être même une prédisposition pour certains. Mais après c’est à nous de choisir si on veut la cultiver et la structurer. 

Est-ce qu’on peut être créatif 24h/24h ? Oh non, ce n’est pas aussi clair que ça. Personnellement je ne peux pas me dire de telle heure à telle heure je serai créatif, puis de telle heure à telle heure je serai une larve. C’est comme si cela fonctionnait un peu en dehors de soi, comme un fonctionnement parallèle. Quand j’ai le sentiment de ne pas produire de choses intéressantes, sans doute que je reste créatif, mais j’ai surtout la sensation de tourner en rond. Alors pour relancer la machine, je sors, je m’inspire, je regarde ailleurs. Observer ce que les autres font, ça nourrit. Et cela tous azimuts ! Aller voir des films, des expos, des pièces de théâtre : tout cela cultive le jardin de la créativité sans que l’on s’en rende forcément compte. Et puis, le matin, quand j’ai laissé les choses reposer tout se débloque.

Des conseils pour stimuler sa créativité ? C’est un sport : il faut se mettre au ping-pong. Je cherche un regard extérieur qui me permette de relancer la machine. Et puis je dessine beaucoup, c’est une habitude qui finalement nourrit aussi la créativité.

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Le projet le plus créatif que tu aies mené ? Dans le cadre de mes études en arts appliqués, j’ai créé un projet autour du bébé baigneur que j’ai détourné de plusieurs façons avec des mises en scènes proches de la catharsis, avec des références à l’art brut. Comme on me disait que le projet était intéressant, cela m’a encouragé dans la dynamique de création et de production.

Pour retrouver le travail de François-Etienne, c’est ici.