BASHUNG, la créativité option collectif

 

Le 14 mars prochain, nous célèbrerons les 10 ans de la disparition d’Alain Bashung. Avec sa disparition, nous avons perdu un artiste qui faisait preuve d’une créativité hors pair et avec une méthode très originale. Nous vous proposons de la découvrir, et de plonger dans les coulisses de la conception de l’un des albums les plus créatifs du rock français : Fantaisie militaire. Montez le son !

Serge Gainsbourg et Alain Bashung, co-auteurs de l’album “play blessures” en 1982

Serge Gainsbourg et Alain Bashung, co-auteurs de l’album “play blessures” en 1982

Les mots de tous

Pour Alain Bashung, un album était terminé quand les textes étaient terminés. Et plus précisément, quand ceux-ci étaient posés sur une mélodie. En effet, il a toujours accordé autant d’importance à la musicalité des mots qu’à leur sens. C’est pourquoi on retrouve beaucoup de jeux de mots et de figure de style comme des allitérations ou bien sûr des métaphores dans les textes de ses chansons. Pour tenir compte de la musicalité des mots choisis, Bashung mettait toujours en musique ses textes avant de les considérer terminés. Il ne se mettait jamais au travail devant une feuille blanche ou une machine à écrire. Bien qu’il ait écrit de différentes façons (avec Gainsbourg notamment, autour de quelques verres durant de longues heures…), il préférait donner des thèmes, des sujets à des auteurs puis créer ses propres textes en gardant ce qu’il considérait être les meilleurs extraits des différents textes qu’on lui proposait.

 

«  Sais-tu qu’la musique s’est tue ? » - Fantaisie militaire

« Des ombres s'échinent à me chercher des noises » - J’passe pour une caravane

« Tu t'chopes des suées à Saïgon » - Vertige de l’amour

La musique de chacun

Pour Bashung un album était terminé quand les textes étaient écrits et les mélodies de chants enregistrées. Mais au lieu d’enregistrer une simple version guitare-voix avant d’aller en studio, il allait bien plus loin : il effaçait la piste instrumentale ! C’est donc juste une voix chantée qu’il utilisait pour travailler en studio. Il faisait ensuite alors intervenir des compositeurs / musiciens extérieurs à qui il donnait ses enregistrements de voix en leur demandant de créer la musique, l’atmosphère autour de ses textes.

Fantaisie militaire, la créativité à son apogée

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Nous sommes en 1998, à l’époque le numérique fait ses débuts dans la musique. Cette nouveauté bouleverse l’industrie musicale. Alain Bashung décide donc de mettre plusieurs musiciens dans différents studios et leur demande de créer la musique autour de ses enregistrements de voix. Jean-Louis Piérot et Edith Fambuena qui forment Les Valentins occupent une pièce proche de la cuisine, Richard Mortier est à l’étage, tandis que Jean Lamoot est dans le studio principal. C’est le seul ingénieur du son en France à savoir manier le logiciel Pro tools qui permet de faire des copier-coller des différents enregistrements et de créer de multiples versions pour chacune des chansons en cours d’élaboration. De son côté, Bashung attend : “La cuisine, c’était son poste de commandement. Il était perché sur son tabouret avec ses clopes, ses journaux et, mine de rien, il tendait l’oreille sur ce qui sortait des différents espaces de travail. Je pense qu’il envisageait déjà des mélanges dans sa tête, mais il ne voulait rien entendre du résultat tant que nous n’en étions pas nous-mêmes satisfaits” témoigne Jean-Louis Piérot, les valentins.

Le temps passe et les maquettes avancent, des chansons évoluent jusqu’à devenir méconnaissables comme Angora qui passe de 6 à 2min. En effet, en 2000 Bashung sort une compilation intitulée Climax et dessus on y découvre la maquette de Angora Irréel :

 
 

Si vous ne la connaissez pas, voici la version studio définitive parue sur l’album Fantaisie Militaire 2 ans plus tôt :

 
 

QUE FAUT-IL EN RETENIR EN 5 POINTS :

Si les chansons de Bashung sont inspirantes, sa méthode pour les créer aussi ! Voici les 5 clés qui nous ont particulièrement marquées :

  • La créativité est avant tout le fruit d’un travail et non un don.

  • A plusieurs, on est plus créatif : 1+1 = 3

  • Une mauvaise idée aujourd’hui peut devenir une bonne idée demain, à condition de la retravailler.

  • Par conséquent, toutes les idées sont bonnes !

  • La plus grande qualité pour être créatif, c’est d’être ouvert à tout : au monde bien sûr mais aussi aux remarques des autres


Pour aller plus loin :

On vous conseille cette formidable émission radio où ses proches nous racontent la vie d’Alain Bashung