L’Oiseau de Céline Wright en avant-première, quelle chance !

 
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Plus qu’une designer, Céline Wright est artisan d’art. Elle conçoit, prototype, et fabrique ses luminaires à la main dans son atelier de Montreuil. Sa signature ? Le papier traditionnel japonais utilisé pour révéler des formes organiques et poétiques.

Elle nous reçoit dans son atelier au coeur de l’ancienne usine Chapal. Dans son bureau, pas d’ordinateur ni d’écran mais un grand cahier rempli de croquis et d’annotations, une radio, de grandes découpes de papiers crafts et surtout des maquettes du tout dernier luminaire L’Oiseau que nous découvrons, avec émotion, en avant-première !


 
Les modelages de sa toute nouvelle création L'Oiseau

Les modelages de sa toute nouvelle création L'Oiseau

 

Pouvez-vous nous raconter en quelques mots votre parcours ?

J’ai fait un cursus design textile à l’école Duperré. Je n’étais pas du tout dans le volume mais j’adorais la matière. Mes premières expériences professionnelles : un stage chez Vuitton, 3 ans au textile chez Catimini puis chez Paola Navone. Dans ma famille, on a le gêne de l’indépendance alors, à 25 ans, j’ai finalement choisi de faire moi-même pour être libre et j’ai commencé mes propres créations. Ma mère faisait de la peinture sur soie et tenait une boutique-atelier sur l’île Saint-Louis que j’ai reprise pour mon showroom. Ce quartier, c’est le Paris-village authentique des antiquaires et des artistes. 

Comment êtes-vous passée du textile à l’objet ? Un déclic ?

Suspension Cocon, premier luminaire de Céline Wright qui a 20 ans cette année !

Suspension Cocon, premier luminaire de Céline Wright qui a 20 ans cette année !

Je ne me suis jamais posée de question, je ne me suis rien dit, j’ai fait. Je m’ennuyais dans mon travail alors, le soir, je fabriquais des objets en papier. Sur l’Île Saint-Louis d’ailleurs. J’avais un petit studio tout en hauteur et je suspendais des objets. C’était déjà du papier. À Duperré, je récupérais beaucoup de papiers, du papier carbone, des immenses feuilles, le papier carbone, qui est un papier gras. Comme pour les peintres, quand on travaille sur d’autres matériaux, on créé des matières qui réagissent différemment. Ça me plaisait, on essayait. On ramassait tout ce qu’on trouvait et chacun avançait à sa manière. J’ai commencé à fabriquer des objets en papier avec des armatures en métal. Je moulais aussi sur des formes, des plats… Et puis, le galeriste de la galerie « Cour intérieure » qui a provoqué ma première exposition m’a conseillée de créer des objets qui aient une utilité. J’ai donc fabriqué des lampes. J’utilisais de la pâte à papier, avec des pigments. Ça faisait très africain car c’est ce qui me touchait à ce moment là.

 
J’aime bien amener de l’émotion
dans le quotidien
 

Comment votre inspiration a-t-elle évolué ensuite vers les cocons à l’esprit japonisant ?

Et bien… la lumière ne passait pas à travers ces premiers papiers alors pour un luminaire, c’était gênant de devoir rajouter un abat-jour. J’ai dû trouver un papier translucide et par hasard j’ai trouvé ce papier dans une petite boutique japonaise. Je me suis mise à chercher une forme. Et c’est là que j’ai découvert le plâtre. C’est ainsi que la forme est née. Je cherchais une forme très maternelle pour enfermer la lumière

 
Premier moule de l’Oiseau présenté à Milan demain

Premier moule de l’Oiseau présenté à Milan demain

 

Et comment sont nées vos suspensions suivantes ? 

En général j’ai besoin de temps pour concrétiser une idée et une envie. Je dessine l’intention. Je n’utilise pas d’ordinateur, pas de 3D. Pour moi le dessin, c’est un mouvement, un geste, qui révèlent l’imagination et dégagent une émotion. Saisir la poésie sur l’ordinateur c’est plus compliqué, alors je ne modélise qu’en phase finale. Pour mes premières maquettes, j’utilise de la terre ou du bois, parfois de la mousse polyuréthane, plus dense et plus rapide à sécher qui permet de chercher facilement et d’essayer plein de choses. Pour les Cocons, j’ai aussi choisi le plâtre. Il nécessite une armature, ce qui demande plus de temps mais c’est un matériau magique, comme une crème liquide qui se fige et invite à modeler. Aucune maquette ne se ressemble, je cherche à représenter ce que j’ai dans la tête, en adéquation avec le mouvement, je fais plusieurs essais à plusieurs échelles.

 
Saisir la poésie sur l’ordinateur, c’est plus compliqué. Un trait de crayon laisse la place à l’imagination
 

Quelles sont les sources d’inspiration de votre dernière suspension ?

Détail de L’Envol

Détail de L’Envol

Après les Nuages, l’Envol, voici l’Oiseau ! Et ce n’est pas par hasard. Ma lampe Envol est comme une aile posée sur un socle que j’avais envie de faire décoller. Et puis, quand je crée et que je dispose mes bandelettes de papier de manière rayonnante, je pense toujours au jeu de la lumière dans les plumes d’oiseaux qui volent. Depuis toujours, je les observe, leurs mouvements m’inspirent. Ils évoquent l’espace et la respiration et c’est ce que je cherche à transmettre dans mes créations.

Quel est votre rituel pour créer ? 

J’allume la radio, je mets France Musique, je prends un café et j’enfile mon tablier. Je ne peux rien faire sans mon tablier, une habitude que je partage avec le designer Pascal Mourgue qui m’a aidée à me lancer dans le design en me présentant notamment à l’éditeur Ligne Roset.

Quelles sont les personnes qui vous ont inspirée ? 

Pascal Mourgue m’a surtout rassurée. Son regard m’a encouragé. C’était un sculpteur, ultra-inventif qui a fait de très belles choses. Sinon je m’inspire de sculpteurs classiques comme Brancusi ou Rodin par exemple, je vais dans les galeries et dans les musées, c’est ça qui me nourrit, pas Instagram ! Je dois avouer que j’aurais adoré faire les beaux-arts après Duperré car ce qui m’intéresse c’est vraiment la sculpture plus que le design. Mais le design permet de mettre de la beauté dans le quotidien et j’aime cette idée d’amener de l’émotion dans la vie de tous les jours. 

Est-ce que vous êtes slow dans la vie ?

Même si je travaille énormément pour faire tourner mon entreprise, je suis une contemplative et quand je ne fais rien, je ne fais rien. Je peux mettre 3h à boire mon thé comme ma mère, d’une chaise longue à l’autre. Et, en vacances, j’aime bien faire des vraies pauses, dans la nature. 

 
Suspension l’Oiseau que nous découvrons en avant-première !

Suspension l’Oiseau que nous découvrons en avant-première !

 

Pour voir toutes ses créations : www.celinewright.com

Le carnet d’inspirations de Céline Wright
- Constantin Brancusi
- Musée Rodin
- Nogushi 
- Ingo Maurer
- Pascal Mourgue
- Issey Miyake