La créativité, le super héros des temps modernes ?

 

Avec le printemps qui arrive et les jours qui rallongent, on se sent devenir plus créatif, plus enclins à réaliser de nouvelles idées. Ça tombe bien, après l’upcycling en début d’année, nous avions envie d’ouvrir un nouveau cycle et de discuter créativité. Mais si vous savez bien, cet atout artistique dont certaines personnes semblent plus disposer que d’autres, cette carte à jouer pour gagner un projet, cette qualité que recherchent les entreprises désormais de plus en plus. On s’est demandé ce que c’était, on a interviewé différents profils, on a cherché des trucs et astuces pour être plus inventif.

 
Crédit : Toa Heftiba

Crédit : Toa Heftiba

 

Quand on crée un studio de design, comme notre Studio Pourquoi Pas, on (nos proches, nos clients et nous-mêmes aussi) attend de nous d’être inventif ou disruptif, de proposer des idées innovantes, de bousculer les codes, de faire preuve d’imagination, d’originalité… bref, de distiller de la créativité un peu partout et tout le temps. Et pourtant s’il y a bien une notion difficile à définir et qui ne fait pas consensus, c’est bien celle de la créativité !

Mais d’ailleurs, c’est quoi la créativité ? Pourquoi et comment est-elle devenue aussi populaire et omniprésente ? Peut-on la contrôler, l’encadrer, la normer ? Et est-elle vraiment compatible avec les impératifs économiques rencontrés par toute entreprise ? On a eu la chance d’échanger avec une pro du sujet, Margot Leclair, diplômée de Sciences Po Paris, titulaire d’un doctorat de l’Université Paris-Dauphine et Maître de conférences à l’Université Aix-Marseille. Margot s’interroge sur la rationalisation économique des industries créatives et étudie justement ce concept, ses contours et ses applications.

La créativité devient populaire dans les années 50, aux Etats-Unis notamment, à un moment où la société toute entière a eu besoin de prendre l’air, de se démarquer des codes très conformistes d’alors. À travers la liberté d’explorer de nouvelles idées un peu insensées, c’est une liberté individuelle qui s’exprimait. Margot nous explique que l’engouement pour la créativité ne cesse de grandir depuis. Chaque sphère de notre société, économique, politique, personnelle, familiale, etc. revendique désormais une part ou un potentiel de créativité. On retient aujourd’hui le rôle fonctionnel de la créativité : créer c’est produire quelque chose qui aura une utilité, qui pourra être commercialisé ou valorisé. On invoque beaucoup la créativité pour répondre à des problématiques données, la créativité, c’est la nouvelle solution magique de notre société.

 
Créer ou mourir : voici la vérité tenue pour acquise dans le contexte social, politique et économique dans lequel nous vivons (Jeanes, 2006)
 
Crédit : Clem Onojeghuo

Crédit : Clem Onojeghuo

Pour Margot, on fait aujourd’hui beaucoup de bruit autour de ce concept de création, on la réduit à de grands clichés, on l’oriente dans une direction très précise. On attend des créatifs qu’ils soient créatifs d’une certaine façon, très rapidement, très efficacement ! Les artistes sont devenus à la mode, on fait appel à eux dans de nombreuses industries : la mode, le marketing en entreprise, le design, mais aussi la cuisine, le jardin, etc. Les entreprises “passent commande” de la créativité ! La créativité est un peu le super héros des temps modernes qu’on imagine assez bien, en costume coloré, intervenant dans nos maisons, nos entreprises, nos magasins mais aussi nos institutions !

 
Prenez n’importe quel texte sur le management et vous remarquerez l’apparente importance de la créativité et de l’innovation dans l’organisation (Jeanes, 2006)
 

Et nous alors dans tout ça ? Nous ? On trouve que la créativité, à titre très personnel, est une belle activité de développement. C’est gratifiant, vivifiant. Et à titre professionnel, c’est un moteur, une locomotive qui nous donne envie d’avancer. Et les questions suivantes seraient alors, comment faire ? Sous quel délai ?


Affaire à suivre…